Le zen m’a rencontré
Extraits du livre du frère Bernard Joseph Samain : Respirer notre vie, méditation à Orval

Pratiquer zazen, c’est s’exercer à vivre un geste global du corps et de tout l’être…
C’est une posture de simplicité ou d’humilité : je me tiens au ras du sol, par terre, comme un enfant, accueillant la grâce première d’être là, vivant, respirant.
C’est une posture d’arrêt : je renonce à bouger, à m’agiter, à faire. Je délimite un espace de temps durant lequel je ne ferai rien. Je m’exerce à arrêter la « locomotive » intérieure. Et résiste à tout ce qui tente d’envahir cet espace de liberté.
C’est une posture d’abandon : je m’assieds de tout mon poids, m’appuie sur le sol…
C’est une posture d’accueil de tout le réel qui m’entoure : je garde les yeux ouverts, les oreilles ouvertes, les paumes ouvertes…
C’est une posture d’attention et d’éveil : je laisse mon corps se redresser du dedans, rechercher la verticale, être suscité de l’intérieur….
C’est une posture de repos, de « vacance »…
Dans le repos du corps, je me laisse porter par le rythme de la respiration, par ce souffle que mon corps sans cesse accepte de lâcher pour le recevoir de nouveau, épousant ainsi le grand rythme du vivant, recevant toujours la vie pour la rendre : je vis l’épopée du respir !
Je communie ainsi silencieusement à la Source de mon être, et j’apprends à vivre en communion avec tout chercheur de Dieu. « L’inconnu/Est notre domicile » disait Guillevic. Oui, notre domicile mystérieux à tous.
Et je constate que grandit en moi une double unification. D’abord dans ma vie personnelle. …C’est toute ma manière d’être, et d’être présent avec mon corps, qui s’en trouve modifiée.
Grandit également une unification avec les autres humains, tous, quelle que soit leur religion, culture etc. Le zazen, cette pratique corporelle longuement exercée, patiemment réfléchie et mise au point au long des siècles dans le monde extrême-oriental, représente un cadeau pour tout homme. Pour nous tous qui avons en commun d’avoir un corps, de vivre dans un corps habité par un désir d’éveil et de verticale. Travailler à rendre mon corps disponible à la prière me rend solidaire du désir de croissance spirituelle qui traverse l’humanité.